Épilogue
De tous nos personnages n’a survécu que Baba Yaga. Elle avait caché sa mort dans le souffle des contes et elle ressuscite chaque soir lorsque l’on détaille ses méfaits ; mais quels risques ne prendraient pas un père, une mère, pour sentir, blotti contre leur flanc, leur enfant, petit moineau apeuré à l’évocation de la sorcière ?
Et Misayre, bien sûr ! Pour se perpétuer, elle a choisi une autre stratégie, celle dictée par la bible : « Croissez et multipliez ». Ma foi, celle-ci s’est révélée très performante et la misère n’est pas près de disparaître.
Là où se dressait jadis la montagne de cristal, il y a un vaste plateau, peu élevé, avec de nombreux lacs, Volgo, Peno, Seliger, Brosna, Valdaï d’où émergent quelques collines, des moraines glaciaires, un véritable paradis pour les pêcheurs[1]. Certains vous montreront la pierre des deux amants.
Dans les larmes de Vassilissa et d’Ivan, ruissellement, ruisselet, ruisseau, rivière, fleuve, la Volga puise sa vitalité et son âme slave, ce mélange de bonheur et de tristesse, d’exubérance et de simplicité, cette fidélité aux choses et aux êtres, cette fragilité de l’homme face à l’immensité de sa terre.
Et comme tout Russe est enfant de la Volga, ce conte, comme tous les autres, finit ainsi
Ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps Et eurent beaucoup, beaucoup d’enfants.
[1]Il s’agit de plateau de Valdaï, lieu où la Volga prend sa source.